(Syfia/CRP) Depuis décembre dernier, des élèves d'un lycée de Brazzaville dénoncent, grâce à un numéro de téléphone mis en place par une association, le harcèlement sexuel de leurs professeurs et s'informent sur les lois. Petit à petit, les langues se délient.
"C'est devenu mon numéro de référence. Je passe beaucoup de temps à discuter avec la réceptionniste. Je pose des questions sur le harcèlement et les violences faites aux femmes", confie M., 18 ans. Élève de Terminale au lycée Savorgnan de Brazza, à Brazzaville, elle donne aussi ce numéro à ses amis. Une façon pour elle "de faire bloc face aux potentiels agresseurs". Une autre lycéenne du même établissement, âgée de 17 ans, explique de son côté : "J'appelle quand j'ai des doutes sur un article de loi. Je demande qui contacter quand on est victime de harcèlement. La réceptionniste sait toujours comment me répondre."
Depuis décembre dernier, Dynamique Plurielle a communiqué à un échantillon de 256 élèves de ce lycée un numéro de téléphone pour dire non au harcèlement. Les élèves appellent ou envoient des textos. Un franc succès. "La permanence reçoit en moyenne 40 appels par jour. Nous en recevons parfois jusqu'à deux heures du matin !", se réjouit Mirna, membre de l'association. Même si aucun cas de harcèlement n'a été signalé à ce jour, cette animatrice est bien décidée à créer d'ici quelque temps une maison d'écoute au sein de l'établissement pour "recevoir instantanément les victimes."
Au lycée Savorgnan de Brazza, des concours sont également organisés à destination du même échantillon d'élèves. Ces derniers doivent retrouver un chapitre, un titre ou un article de loi. "Un professeur qui met enceinte une élève de moins de 21 ans et que les parents ne reconnaissent pas comme son futur époux, risque six mois à trois ans de prison et/ou une forte amende", rappelle Mirna.
Un numéro aussi à l'université ?
L'animatrice reconnaît cependant les limites du numéro de téléphone mis en place et de l'application de la loi en général. "L'association étant impliquée dans l'établissement, les potentiels agresseurs entretiennent des rapports normaux de professeur à élève. Ils ont peur de se faire prendre dans les mailles de notre filet." Les professeurs ont eux aussi été sensibilisés, mais, comme le souligne Mirna, le réel problème réside chez les victimes : "La peur reste le plus grand frein. Beaucoup de lycéennes préfèrent garder le silence. Elles craignent des représailles ou d'être montrées du doigt."
Arlette Raymonde Bakou, attachée de coopération au ministère chargé de la Promotion et de l'intégration de la femme au développement, juge cette attitude "dangereuse, car les coupables restent impunis". Elle ne se voile pourtant pas la face : "Les lois existent, mais leur application est un réel problème, car le harcèlement sexuel est encore un sujet tabou." Elle applaudit les efforts de Dynamique Plurielle pour "vulgariser la loi" : "Une manière de pousser les jeunes filles à briser le silence."
Forte des premiers résultats obtenus, l'association communiquera un numéro de téléphone similaire dans un autre lycée, à partir de mars prochain. Des étudiantes souhaitent que l'expérience s'étende bientôt à l'université. "Ma meilleure amie a repris trois fois sa première année, puis a décidé de tout laisser tomber pour ne plus subir le harcèlement et les foudres de notre professeur", révèle une étudiante de la faculté des lettres et des sciences humaines de l'Université Marien Ngouabi de Brazzaville.
Depuis décembre dernier, Dynamique Plurielle a communiqué à un échantillon de 256 élèves de ce lycée un numéro de téléphone pour dire non au harcèlement. Les élèves appellent ou envoient des textos. Un franc succès. "La permanence reçoit en moyenne 40 appels par jour. Nous en recevons parfois jusqu'à deux heures du matin !", se réjouit Mirna, membre de l'association. Même si aucun cas de harcèlement n'a été signalé à ce jour, cette animatrice est bien décidée à créer d'ici quelque temps une maison d'écoute au sein de l'établissement pour "recevoir instantanément les victimes."
Au lycée Savorgnan de Brazza, des concours sont également organisés à destination du même échantillon d'élèves. Ces derniers doivent retrouver un chapitre, un titre ou un article de loi. "Un professeur qui met enceinte une élève de moins de 21 ans et que les parents ne reconnaissent pas comme son futur époux, risque six mois à trois ans de prison et/ou une forte amende", rappelle Mirna.
Un numéro aussi à l'université ?
L'animatrice reconnaît cependant les limites du numéro de téléphone mis en place et de l'application de la loi en général. "L'association étant impliquée dans l'établissement, les potentiels agresseurs entretiennent des rapports normaux de professeur à élève. Ils ont peur de se faire prendre dans les mailles de notre filet." Les professeurs ont eux aussi été sensibilisés, mais, comme le souligne Mirna, le réel problème réside chez les victimes : "La peur reste le plus grand frein. Beaucoup de lycéennes préfèrent garder le silence. Elles craignent des représailles ou d'être montrées du doigt."
Arlette Raymonde Bakou, attachée de coopération au ministère chargé de la Promotion et de l'intégration de la femme au développement, juge cette attitude "dangereuse, car les coupables restent impunis". Elle ne se voile pourtant pas la face : "Les lois existent, mais leur application est un réel problème, car le harcèlement sexuel est encore un sujet tabou." Elle applaudit les efforts de Dynamique Plurielle pour "vulgariser la loi" : "Une manière de pousser les jeunes filles à briser le silence."
Forte des premiers résultats obtenus, l'association communiquera un numéro de téléphone similaire dans un autre lycée, à partir de mars prochain. Des étudiantes souhaitent que l'expérience s'étende bientôt à l'université. "Ma meilleure amie a repris trois fois sa première année, puis a décidé de tout laisser tomber pour ne plus subir le harcèlement et les foudres de notre professeur", révèle une étudiante de la faculté des lettres et des sciences humaines de l'Université Marien Ngouabi de Brazzaville.
Par Annette Kouamba Matondo
Commentaires
Enregistrer un commentaire
Votre message est bien reçu par le blogger. Privat Tiburce de vous répondre s'il y a lieu. Merci de votre visite sur notre blog.