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RAPHA BOUNDZEKI, UNE ETOILE QUI BRILLERA TOUJOURS AU FIRMAMENT DE LA MUSIQUE CONGOLAISE.

 10 mai 2008-10 mai 2022:  14 ans déjà depuis que Rapha nous a quittés. 
Nous vous proposons un article actualisé rédigé au moment de sa disparition.


Chronique de la mort d’un artiste.

     Le Sage Rapha Boundzeki  souffla sur sa dernière chandelle le samedi 10 mai 2008 à Brazzaville suite à un accident vasculaire cérébral. Le Congo tout entier le pleura, comme jamais avant lui un artiste n’avait été célébré par ses collègues, autorités et le public. 
      Rapha fut un chanteur atypique qui aura arrosé l’ouïe des congolais pendant près d’un quart de siècle.
      
      C’était dans la matinée du dimanche 11 mai 2008  que ses fans et le public  apprirent avec émoi  la disparition inopinée de l’auteur de la célèbre chanson « Christianisé ». 
       
      Jean Raymond Albin Boundzeki, journaliste  officiant à l'époque à Radio Congo et l’une  des personnes ayant  propulsé cet artiste, déclara : « le Congo vient de perdre le plus original chanteur de ses vingt dernières années ». 
       Kaly Diatou, chanteur congolais, alla dans le même sens en arguant que Rapha fut un artiste charismatique et atypique. Il a fait l’unanimité et a clamé fort son amour pour le Congo et sa capitale,  Brazzaville.  

 La dernière apparition scénique et publique de l’artiste  eut lieu à Hinda, à une quarantaine de kilomètres de Pointe-Noire,  en avril 2008 à l’occasion d’une fête d’anniversaire organisée par le Préfet de Pointe-Noire,  Alexandre Honoré Paka. L'un des mécènes de l'artiste dans la ville océane.

     Voyage pour Brazzaville, voyage pour toujours.

Résidant à Pointe-Noire depuis la fin de la période de belligérance armée à Brazzaville en 1998, Rapha était reparti dans sa ville natale pour chercher à rencontrer la première dame du Congo,  afin de solliciter son intercession auprès des autorités nationales sur le problème de sa maison détruite en 2005 pour cause d’expulsion. Sa petite villa inachevée (où il habitait déjà) et les  maisons de bien d’autres citoyens étaient situées au quartier la Poudrière dans la zone aéroportuaire de Pointe-Noire. Il faisait partie des acquéreurs  pigeonnés par de véreux propriétaires terriens qui leur avaient vendu des parcelles dans une zone interdite d’habitation. Les expropriés de cette opération n’avaient pas jusque là été dédommagés.

     Par ailleurs, Rapha avait maille à partir avec les services du BCDA (Bureau Congolais des Droits d’Auteurs) du fait qu’il ne percevait presque pas les royalties relatives à l’exploitation de ses œuvres phonographiques. Situation qu’il nous exposa une fois à Pointe-Noire en nous montrant ses relevés de la SACEM.  Les problèmes ne faisaient que s’accumuler et le mettre dans un grand désarroi. Pour une personne souffrant parfois des troubles de comportement, les conditions étaient réunies pour péter un câble. 
    
    Manque  de domicile fixe et digne (il renoua avec Jacquito qui tenait un restaurant au quartier Mouyondzi et l’hébergeait, alors que la mère de ses enfants, Vivi d’Aphara, vivait ailleurs avec leur progéniture).
a   Ajouter à cela  la non perception de ses droits d’auteurs, Rapha sombrait dans une situation mentale et physique difficile. Chose qu’il exposa dans une chanson intitulée « Destruction » dans laquelle il lançait un cri de détresse,  parue de façon posthume dans l’album  « Sapologie III », grâce à Max Tundé son producteur. 




     Une histoire de bravoure.

 L’histoire de Rapha BOUNDZEKI est celle d’un gamin du quartier Makélékélé à Brazzaville. Un jeune qui se destinait à une carrière de footballeur. Le destin en décida autrement. Il deviendra l’un des chanteurs les plus populaires des vingt cinq dernières années avant sa mort. Blessé à la jambe au cours d’un entraînement de football, son infirmier lui proposa deux bienfaits : soigner sa blessure et intégrer le premier orchestre de sa vie musicale. 

Le Sage Rapha,  né Bernard BOUNDZEKI,  vit le jour dans la Capitale congolaise le 04 août 1961. Troisième d’une famille de quatre enfants, il perd très jeune ses parents. Cela est vécu par le petit Boundzeki comme un vrai désastre. L‘enfant végète malgré l’assistance de la famille et des gens du quartier. Dans sa langue maternelle,  le Lari,  « Boundzeki » veut dire « Nec plus ultra ; ce qui est bon, ce qu’il y a de mieux ». Ce nom hérité de son grand père paternel lui donne de l’espoir. Ses études s’arrêtent au secondaire premier degré. 


L’adolescent se lance dans le football. Excellent joueur, il gagne la sympathie des amoureux du « mwana –foot » (football de rue pratiqué les pieds nus).
Entretemps, depuis le bas âge, il est bercé par les décibels des bars-dancing de son quartier, par la « Voix de la Révolution Congolaise (actuelle Radio Congo) » et par la « la Voix du Zaïre (actuelle RNTC) ». Les vedettes de l’époque sont celles qui portent  le phénomène de la SAPE, des animations vocales  et des  « sébenes » dans la musique congolaise et zaïroise ( à l'époque). 
Il est influencé par Papa Wemba et Emeneya King Kester , deux artistes installés sur l’autre rive du fleuve Congo. A la télévision ses idoles s’appellent James BROWN,  l’américain de qui il avait hérité sa gestuelle scénique et Bob MARLEY le jamaïcain, l’éveillé et l’éveilleur des consciences du Tiers monde qui l’inspira par sa spiritualité et le goût de l’herbe. D’ailleurs, Rapha décède un jour avant la commémoration de la disparition de ce dernier.  

Au début des années 1980 du siècle dernier,  Rapha se lance véritablement dans une carrière musicale en intégrant en qualité de batteur le groupe Veritas Music dirigé par son infirmier qui n’était autre que  le guitariste du groupe,  Zéphirin Kouloufoua ( frère de feu Ben Kulu et père du guitariste Claude Koulou). L’orchestre a pour siège social le domicile du guitariste au quartier  Sangolo,  l’OMS. Quelques mois plus tard, Rapha passe de la batterie au chant avec succès après la mauvaise interprétation d’une de ses compositions par un chanteur du groupe. Rapha était imprévisible et avait souvent des sautes d’humeur.

Une autre vie commence pour lui, celle de star de la chanson. La nouvelle idole des jeunes. Sa façon de chanter ne ressemblait nullement à celle d’un célèbre artiste. La coïncidence fut plutôt frappante avec le style d’un chanteur brazzavillois anonyme et atypique nommé Demaza Makofaye. Il reconnaissait avoir été influencé par cet homme. Une sorte de père spirituel pour le chant.


Comme tout jeune qui se cherche, Boundzeki mène une vie artistique instable. Il passe dans plusieurs petits groupes.  Parmi  lesquels Ata Lokolé à Ouenzé, Chaka Rail à Mfilou et Viva la Sembadia au quartier Mouyoundzi à Pointe-Noire. Groupe dans lequel il chante avec Lucide Galant (actuellement installé en Europe). La vie de Rapha devient celle d’un bohème .Il se livre parfois à des actes de petit banditisme. Ce qui lui valut  douze mois de prison dans la ville de Loubomo, actuellement Dolisie dans le département du Niari. 
En 1984 - 1985 il renoue avec la musique en intégrant dans cette ville  Bawadié Mélodia , orchestre  laissé par Angelou CHEVAUCHET et dirigé alors par Bongo Propheta.


Depuis, son nom est resté dans toutes les mémoires. Il aura frotté sa cervelle avec les plus grands noms de la musique congolaise à travers diverses manifestations, collaborations et le Festival Panafricain de Musique(FESPAM). En 1986 à Brazzaville il fait son entrée dans l’orchestre Véritable Mandolina  où il chante avec d’autres vedettes du chant, Karissala, Roger Lutin, Degong etc… Des chansons exécutées avec maestria et des envolées vocales sans complexe donnent à ce groupe une côte particulière. La Télévision Nationale Congolaise diffuse régulièrement les clips du premier album de Véritable Mandolina. Le titre phare est « christianisé » .Une signature de Rapha Boundzeki.
La chanson exécutée dans sa langue maternelle,  le lari,  gagne vite la sympathie du public congolais et kinois (RDC).  « Christianisé » une prière tirée de la Bible est chantée de façon particulière par un artiste on ne peut plus atypique : Look singulier, attitude loufoque, texte très spirituel.

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Rapha et Jacquito

     En 1988 le deuxième album du groupe est propulsépar la chanson « parisien refoulé ». Une description de la vie clandestine des immigrés africains en France dans les années 80. Rapha un sociologue, un philosophe qui constate et qui propose des alternatives. La chanson le met sur le piédestal des grandes voix musicales du Congo.

 

   Miné par son propre succès, Véritable Mandolina s’efface de la scène musicale. Rapha se lance dans une éloquente carrière solo. Des rencontres ou featurings il les aura faits avec bon nombre d’artistes . Ainsi il aura chanté avec Papa Wemba ( décédé en avril 2016) , Ben Kulu  , Ya Lélé,  Djuny Claude , Rigadin Mavoungou, Stany Rodriguez, Achille Mouebo, Debaba ( disparu), Défao, Carlito, Juva Wendet….

Au début de sa carrière solo ,il enregistre deux opus avec Debaba, Carlito et Défao.  Le titre phare est « Résultat du dimanche ». Deux jours de répétition auront suffi pour donner corps à ce tube. Plusieurs  albums se sont succédés grâce à sa créativité. Certains connurent le succès escompté. D’autres furent des flops. Les différents albums qui jalonnent la carrière de Rapha sont « Mateya » réalisé sous la direction artistique de Kaly Diatou, » Départ pour l’école », « Origine de la sape » , « Parisien retenu », « Régime sans sel », « Tuvi mfumu », « la sapologie », « la misère du chauffeur » et bien d’autres opus. Rapha aura scruté la société pour exploiter des sujets profonds et très liés à la réalité congolaise.

En dehors de ces proprechansons, il aura donné du sien pour donner une bonne couleur a la chanson « Mabouesso » de Stany Rodriguez en 1989 et à « Bébé Hollandais » de Rigadin Mavoungou en 1994. En 2005, Rapha décide de rompre avec Max Tundé,  son producteur,  lui reprochant de ne pas respecter les clauses de leur contrat de travail et de ne pas bien orienter sa carrière. La séparation ne fut que de quelques mois puisque les deux réaliseront l’album « la Sapologie II » et l’opus à titre posthume « la sapologie III ». Max Tundé permit à  Rapha de tourner des clips en France dans les années 90 et de se produire en France en 2006 dans une salle parisienne. La même année il a participé au concept « La nuit du Congo à Paris » organisée par Beethoven Germain Pela Yombo.

A Pointe-Noire Rapha avait créé un groupe qui fonctionnait en dent de scie « International Bouké Bouké ». Bien avant sa mort, il avait beaucoup changé et avait souvent des trous de  mémoire jusqu’à oublier les textes de ses propres chansons. Il était devenu irascible. Il vivait réservé et casanier chez Jacquito. 

La mort de Rapha a-t-elle  été précipitée par ses conditions de vie ?

Rapha est mort mais il restera présent dans nos cœurs et dans nos oreilles à travers ses œuvres. Rapha fut une grande vedette nationale, bien que sa carrière n’eût pas un retentissement international. 







Privat Tiburce Massanga

Tél : 00242 05 520 69 24

Commentaires

  1. Merci beaucoup pour cet article.
    Il restera gravé dans nos cœurs.

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