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La chanson congolaise souffre aujourd'hui du manque de caractère intemporel pour résister à l'usure du temps


La chanson congolaise souffre aujourd'hui du manque de caractère intemporel pour résister à l'usure du temps
Le journaliste Mfumu Fylla Saint-Eudes publie les « Œuvres intemporelles de la chanson congolaise (1949-1959) ». A travers 114 pages, l'auteur revient dans cet ouvrage, sur douze chanteurs qui ont marqué la chanson congolaise, en vue de léguer à la postérité un héritage fiable.

Journaliste et producteur-réalisateur radio et télévision, Mfumu Fylla Saint-Eudes passe en revue la pérennisation de ces œuvres, qui ont prouvé et prouvent encore l'intérêt du public pour la rumba congolaise. Il pose la question de savoir s'il y a lieu de les rééditer. « Les raisons de la pérennité du succès de nos œuvres intemporelles résident dans la sobriété de l'expression, la richesse des harmonies et la qualité indiscutable de l'exécution qui ne laisse pas de place à des fioritures ; en plus, les situations évoquées dans ces chansons sont celles vécues par tout dans le monde », peut-on lire sur la quatrième couverture de l'ouvrage.

L'auteur reste convaincu que la chanson congolaise « possède un fonds magnifique ». Et d'ajouter : « Les œuvres présentées ici poursuivent, malgré la fuite du temps, leur chevauchée glorieuse et conservent intacte leur capacité à nous émouvoir. » Face à l'obligation de l'histoire, l'auteur oriente l'objet de son ouvrage sur les faits réels afin de mettre en éveil ces trésors musicaux au bénéfice des nouvelles générations qui ont tendance à s'aliéner.

La chanson congolaise souffre aujourd'hui du manque de caractère intemporel pour résister à l'usure du temps
« On était alors loin d'imaginer que la chanson, porteuse de sens, allait subir les assauts meurtriers du mercantilisme débridé qui, depuis la fin des années 80, dénature la production musicale des deux rives. Les chansons aujourd'hui sont des suites de digressions alambiquées, de textes décousus, sans trame intelligible, truffées de noms cités hors de propos. Dans ces conditions, il est peu probable que les chansons survivent à leurs créateurs », notifie Mfumu Fylla Saint-Eudes.

Dans la période allant de 1949 à 1959, il y a eu une floraison de musique moderne sur les deux rives du fleuve Congo classifiée selon des thématiques qui interpellent tout le monde. Et sur les douze titres sélectionnés que nous propose l'auteur, sept sont dédiés à l'amour dans sa large dimension : Marie Louise (Wendo) ; Mama é (Guy Léon Fylla) ; Parafifi (Kabasele) ; Aimée wa bolingo (Edo Ganga) ; Georgine wa bolingo (Célestin kouka) ; A toi Mado « Mathilde » (Charles Kibonge) ; Zonga Coco tomesani (Victor Longomba). Deux chansons évoquent l'amitié, à savoir : Bolingo ya la joie (Lucie Eyenga) et Mariana (Tino Mab), une autre l'actualité : Ata ndélé (Adou Elenga), encore une le voyage : Masumbuku (Franco).

Cet ouvrage n'est pas le premier de Mfumu Fylla Saint-Eudes. Il a écrit en 2006 une chronique intitulée La musique congolaise du XXe siècle, qui a reçu le prix Pool Malebo du trophée de l'excellence Mwana Mboka en 2008.

Les « Œuvres intemporelles de la chanson congolaise (1949-1950) », accompagnées d'un Cd de quatre chansons, ont été éditées en 2009 aux Editions Beau'D Pro. Ce recueil de chansons est disponible à librairie des Dépêches de Brazzaville.

Jean Dany Ebouélé (Brazzaville-Adiac)

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