Accéder au contenu principal

La chronique du cinquantenaire de l’indépendance Le Mouvement des groupes vocaux au Congo Brazzaville (Cinquante ans après)

Au début des années 1960, toute une jeunesse se passionne d’une musique vocale dont la genèse populaire et spontanée va, peu à peu, se développer et évoluer vers les formes les plus précises et savantes, portées sur les racines et les éléments concrets de la culture nationale. Pensons au succès prodigieux et révélateur remporté par bon nombre de ses groupes depuis 1964 à diverses manifestations nationales et internationales avec pratiquement des répertoires originales mais sensiblement avec différents publics enthousiastes de la j
L’intérêt de ses publics pour le côté artistique était la plupart du temps relégué au second plan, la chanson étant propulsé au premier plan dans un style d’expression inédit qui était le fruit de leur talent. C’est ainsi qu’Il s’est produit par la suite, et dans le prolongement des grandes fêtes congolaises, africaines et internationales des grands moments où cette jeunesse, avide d’ouverture, d’enrichissement et d’épanouissement a su profiter à cette époque de manifestations artistiques plus fréquentes – Il était un temps pour tout et à l’ardeur juvénile canalisée et s’inscrivant dans un contexte de développement national devant faire pendant nécessairement, dans les moments de loisirs, une autre dépense d’énergie pour ainsi dire à vide et inoffensive – sans perdre de vue à élever son jugement et son sens de l’esthétique musicale en lui proposant des ensembles de qualité. C’était l’une des plus belles leçons qu’avait su méditer la direction de la jeunesse du mouvement national de la révolution (JMNR) que dépendait bon nombre de ses groupes qui obéissaient aux objectifs du Ministère de la culture et des arts.
                                                             Les Anges en 1977

Clotaire Kimbolo (Les Anges, 1977)
Clotaire Kimbolo (Les Anges, 1977)
Mais pour effleurer le contexte dans lequel le mouvement des groupes vocaux était né au Congo, notons qu’au commencement, étaient les ballets incarnés par Marie Isidore DIABOUA « Lièvre » qui, voulant aller au-delà de ce qu’il avait découvert en Oubangui Chari (République Centrafricaine) où son père a servi dans l’administration coloniale française, donnera naissance, en 1952, au premier ballet traditionnel « Kongo dia ntotela » dont les danseurs sont communément appelés « Ngouakatour ». Mais au fur et à mesure que les années passent, une nouvelle tendance se démarque de la genèse « Les Ballets Diaboua », au sein desquels jaillissent deux expressions différentes : La première se stabilise autour des percussions chants et danses traditionnelles. (Ballets) La seconde quant à elle, et grâce à l’influence des orchestres des années 1960 s’exprime dans un style soutenu par l’inclusion de la danse profane, les guitares, les chants mosaïques où se côtoient plusieurs thèmes, un tam-tam qui apportent ainsi dans un climat moderne la spontanéité des arrangements de l’ancienne époque du « Maringa ».
                                                                Clotaire Kimbolo
C’est en 1964 et à Brazzaville que se sont constitués les premiers groupes vocaux qui ont évolué sous la mouvance de l’unique organisation nationale des jeunes de l’époque JMNR (jeunesse du mouvement national de la révolution). Les responsables nationaux de la culture et des arts ont su déceler l’importance de ce phénomène spontané et établir entre les groupes leaders une seine émulation.

Dans cette optique, deux semaines culturelles ont été organisées à Brazzaville du 7 au 16 Août 1967 et du 8 au 16 Août 1968, au cours desquelles les groupes vocaux les plus renommés dans le pays ont pu s’affronter en des joutes musicales. On peut citer, entre autres :

- « LES PATTES TENDRES » créés en 1963 par Joseph TOUNGAMANI et dont les plus jeunes éléments avaient 8 ans et les plus âgés, 14 ans. Devenus grands, les jeunes pionniers du MNP (Mouvement national des pionniers) sont intégrés à l’UJSC (union de la jeunesse socialiste congolaise) et décident de changer la dénomination du groupe. Il s’appellera désormais « LES ANGES ». Aujourd’hui orchestre ballet, Les Anges est l’unique groupe vocal qui a survécu, mais sous la forme d’orchestre, après avoir sillonné le monde et obtenu des nombreux prix d’honneur. Les frères Clotaire et Gérard KIMBOLO y évoluent toujours. A l’exception de Casimir ZOBA « ZAO » qui a opté depuis pour la carrière solo, Albert NSOUNGA « Dede » guitariste soliste actuel des Bantous de la capitale et tant d’autres.

- « Les ECHOS NOIRS » qui dans leur exil en France, sont devenus «Les Mbamina » qui s’est disloqué depuis plusieurs années.

- « LES COLS BLEUS » de Pointe-Noire dans lequel s’était illustré le talentueux chanteur Rigadin MAVOUNGOU qui n’est plus de ce monde.

- « LES ELUS » de Georges TABOUEYA qui ont participé brillamment avec Les Bantous au premier festival culturel panafricain d’Alger en 1969 et obtenu la médaille de bronze du festival.

- « LES OMBRES », de Pierre MATA, qui ont gagné leur pari à la deuxième semaine d’amitié sovieto-congolaise en 1972, en Moldavie (ex-Urss) et, en 1973 à Tunis, au premier festival culturel panafricain de la jeunesse.

- «LES CHEVEUX CREPUS » de Jacques LOUBELO, qui méritent tous les éloges pour avoir été le groupe qui a beaucoup contribué à la vulgarisation de la chanson engagée, et qui s’est fait remarquer par ses ambitions intéressantes :construire une musique progressiste mais énergique, en l’intégrant dans un environnement spectaculaire, laissant une large place à l’utilisation de la dance des « light-shows » élaborés.

Les Elus 1969 + P.Mata (Les Ombres) 1973
Les Elus 1969 + P.Mata (Les Ombres) 1973
Enfin, de plus en plus de groupes vocaux ont émergé, empruntant souvent un chemin inverse de celui que l’on attendait généralement du type des groupes précités et ont trempé une bonne partie de leur feeling sur des rythmes du monde. Au nombre de ceux qui ont pu se permettre d’aborder bien des répertoires citons : « Les Griots », « Les Gazelles », « Les 7 frères », « Les Nez épatés », « Les Mains blanches », Les peaux noires, et tant d’autres.

Les groupes vocaux, comme leurs aînés les orchestres, n’ont pas échappé à ce qui était devenu un fléau : la dissidence et la dislocation des groupes, particulièrement le passage des groupes vocaux en orchestre modernes. Depuis les années 70, le mouvement s’est heurté à des obstacles tendus par l’influence des musiques du monde qui sont demeurés insurmontables. Notamment, la « supplantation » de plusieurs novateurs qui ont su adapter des guitares électroniques et drums, ouvrant la voie à une nouvelle créativité musicale qui marque l’apogée de la « Rumba-rock. Des ensembles musicaux vont marquer le début de cette nouvelle vague, dans un style d’une grande diversité vont chercher une voie pour imposer des nouveaux styles, tels : Bilenge Sakana, Nzubé Likofi, Les grands Chaminadiens, Dimbola Lokolé, Nzubé Likofi, Groupe Rouge, Tout choc Zimbabwe, Les Techniciens…mais qui sont passés sans lendemain suite à une mauvaise organisation à laquelle ils ont été soumis. Sans écarter les moments difficiles vécus pendant les guerres civiles que le pays a connu.

Depuis le début des années 90, nous assistons à l’émergence d’un nouveau mouvement qui évolue très fortement dans le temps avec la percée des ensembles comme : Extra-Musica, Impression des As, Patrouilles des stars, Front CFA. Watikanya (Sacramento), Universal Zangul, et, dont la nature des œuvres, leurs sonorités et leurs techniques harmoniques se situent plus proche de la rythmique post-rumba-rock ou soukous-rock. Renouvellement avec beaucoup de bonheur de quelques standards de qualité (quand il n’existe pas des dédicaces « mabanga »

Clément OSSINONDE

Clement.ossinonde@sfr.fr

Mardi 27 Juillet 2010
SDC, Starducongo.com

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

RAPHA BOUNDZEKI, UNE ETOILE QUI BRILLERA TOUJOURS AU FIRMAMENT DE LA MUSIQUE CONGOLAISE.

 10 mai 2008-10 mai 2022:  14 ans déjà depuis que Rapha nous a quittés.  Nous vous proposons un article actualisé rédigé au moment de sa disparition. Chronique de la mort d’un artiste.       Le Sage Rapha Boundzeki   souffla sur sa dernière chandelle le samedi 10 mai 2008 à Brazzaville suite à un accident vasculaire cérébral. Le Congo tout entier le pleura, comme jamais avant lui un artiste n’avait été célébré par ses collègues, autorités et le public.        Rapha fut un chanteur atypique qui aura arrosé l’ouïe des congolais pendant près d’un quart de siècle.              C’était dans la matinée du dimanche 11 mai 2008  que ses fans et le public  apprirent avec émoi  la disparition inopinée de l’auteur de la célèbre chanson «  Christianisé  ».                Jean Raymond Albin  Boundzek...

DES OFFRES D'EMPLOIS A POINTE-NOIRE. TENTEZ VOTRE CHANCE

Offre de Stage N°1 Date  : 28/10/2010 Réf  : .../NI/DG/10 Assistant Markéting/ Commercial (H/F) Société de Conseils en optimisation des Ressources Humaines. Nous cherchons dans le cadre du développement de nos activités : Un Assistant Commercial/Markéting et Communication (H/F) .Poste basé à Pointe-Noire. TYPE DE CONTRAT  : Contrat de stage de 10 mois pouvant débouché sur un contrat de travail. VOTRE MISSION  : En charge du département markéting et commercial, vous aurez pour mission de: Participer à l'organisation et la structuration du département markéting et commercial Au niveau commercial: Veillez à  la mise en place de la politique commerciale du Cabinet Participer au dévéloppement d'une force de vente Participer aux recrutements et à la formation des délégués commerciaux Gérer, coordonner et assurer l'organisation du travail des équipes commerciales; Veillez à l'atteinte des objectifs fixés par la Direction  Au niveau markéting...

Hermann Ngassaky ne regrette pas d'avoir quitté Extra Musica

Hermann Ngassaky ne regrette pas d'avoir quitté Extra Musica Il a connu les débuts du groupe Extra Musica dans les années 1990 et a participé à presque tous les albums de l'orchestre, qui deviendra le meilleur groupe congolais avec à la clé un disque d'or en 1996. Des Nouveaux Missiles à La Main noire, où l'on retrouve ses solos vocaux suaves, l'artiste a surtout fait parler de lui pour son côté chaud sur scène. Il a depuis quitté le groupe, bien résolu à faire une carrière solo. Dans l'interview qu'il nous a accordée mardi soir, il revient sur son départ d'Extra Musica mais présente surtout son prochain opus, Sacerdoce, dont les enregistrements ont commencé. Les Dépêches de Brazzaville (LDB) : Tu es parti d'Extra Musica Zangul et depuis on n'entend plus parler de toi... Hermann Ngassaky (HN) : Je suis parti parce qu'à un moment donné les choses ont pris une certaine tournure. La vision que j'avais de l'orchestre a été gâtée pa...