guy alexandre sounda, son prochain livre: Fabius Bartoloza L’homme qui courait avec un coup de fusil dans la tête (Texte inspiré de la guerre survenue au Congo Brazzaville entre 1997 et 1998) (Théâtre)
guy alexandre sounda, son prochain livre
Fabius Bartoloza
L’homme qui courait avec un coup de fusil dans la tête
(Texte inspiré de la guerre survenue au Congo Brazzaville entre 1997 et 1998)
(Théâtre)
Ecrit sous la forme d’une fable pondue par un clochard miné par le froid et la solitude au coeur de Pigalle, ce texte fait se mêler sans pathos le merveilleux caustique et la réalité cocasse d’une ville concassée par la guerre et la vacuité. Il est entrecoupé de récits courts et vifs, proches du comique satirique, qui nous font embarquer dans un voyage jusqu’aux confins des mondes fumants. Des imaginaires qui titillent notre sensibilité, ravivent notre mémoire collective et nous renvoient en gros plans nos congolités les plus virulentes.
En plus des morts que cette guerre a parsemés sur les routes et dans les tranchées il y a aussi les déplacés, ceux-là qui ont réussi à se faire la malle, mais qui vivent dans la tourmente et la peur, malgré le temps qui a passé. C’est à ceux-là que l’auteur donne la parole pour nous faire resurgir des tranches de vie foulées aux pieds, rangées aux oubliettes ou réinventées sur le chemin. Ce texte nous révèle nos itinérances tachées de sang, nos destins ratés, nos espoirs tenaces.
A travers les mots et les sueurs du personnage, Fabius Bartoloza, l’auteur essaie de retracer l’univers mental et le parcours embroussaillé de ces centaines de milliers de créatures écartelées qui s’enfuyaient partout à bras le corps. Entre le tissu narratif et la matière théâtrale formée de personnages animaliers ou humains, la parole de Fabius nous brandit des êtres entraînés dans un jeu de contraires absolus et inextricable : la vie et la mort, le passé et le futur, la ville et la forêt, le jour et la nuit, la guerre et la paix, le malheur et la joie…
L'affaire des disparus du beach de brazzaville en est la référencelink
LA PIECE
Fabius Bartoloza se voyait jusque-là comme un garde du corps chanceux. Son boulot consistait à talonner matin et soir la jeune épouse du camarade Dian Daya, ministre et député de la nation. Mais lorsque la guerre éclate, un dimanche soir, il se retrouve inopinément au mauvais endroit : coincé dans les chiottes d’un bar à putes alors que les kalaches salivaient dehors. Pendant trois jours et trois nuits sans eau et sans sommeil, il fera l’apprentissage d’une solitude dont il n’avait jamais de sa vie soupçonné, celle des gens qui voient venir la mort à grandes pompes, visages en sueurs et en larmes. Profitant d’une accalmie sommaire, il se jette dehors et se faufile à travers les caniveaux jonchés de cadavres et de feuilles mortes puis s’engouffre à corps perdu dans un égout et se met à courir de toutes ses forces. Commence alors un long voyage sous la ville, pendant lequel il verra surgir un monde ténébreux où se côtoient rats et clochards, cafards et chauves-souris, déserteurs et roublards, lutins et grognards. Un monde parallèle qui rampe sous le béton. Un univers peuplé de créatures flotantes et géantes qui le mènera jusqu’au cœur de Yongolo, la fameuse forêt aux fromagers qui chantent en latin.
NOTE DE L’AUTEUR
Cette guerre, celle surveue au Congo Brazzaville entre 1997 et 1998, a été une sottise. Nous avons saccagé. Nous avons dévasté. Nous avons écrasé. Dix ans, après les marques sont encore là. Têtues. Ma douleur est si lourde. Je n’ai pas pu fermer ma gueule ni me broder le toupet de mettre une croix sur ces milliers de corps qui jonchent encore le paillasson de la république. On m’a dit de fermer les yeux, de passer ma voie, de faire comme les autres : avaler quatre bouteilles de Ngok et oublier. Dieu, avec quelles ficelles aurais-je pu me coudre une lâcheté aussi fumante devant la montagne de cadavres largués comme des chenilles sur le trottoir ? Comment aurais-je continué à bouffer comme si de rien n’était ? Des gens sont morts pour rien et d’autres ont disparu. Je me le demande encore : comment notre Congo est-il arrivé à nous pondre une bourde aussi monumentale en si peu de temps ?Ce texte est conçu comme un îlot d’espoir. Fabius Bartoloza est la preuve qu’une autre vie nous est possible. Il suffit d’y croire, d’y mettre sa touche et se remettre en route. La nuit est longue, encore longue, mais l’aube n’est déjà plus si loin…
Au départ j’ai voulu écrire une satire, voyez, une sorte de coup de gueule fumeux dans les fesses de la république. Je me suis ravisé. On aurait pris mes paroles pour un papotage hystérique. J’ai finalement choisi une fable avec des bouts d’histoires faits d’ombres et de lumières. Des ombres et des lumières traversées d’hommes et de femmes qui essaient de recommencer une nouvelle vie, de renaître du fond du chaos géant d’où ils ont été précipités. Qu’on n’aille pas cependant y chercher la petite bête. C’est peine inutile. J’ai simplement usé de mon droit de conteur : celui qui consiste entre autre à nommer la sottise et la lâcheté. Ce texte est fait de mots sans détours, des mots remués comme des cauris afin qu’ils nous racontent leur part de vérité. Des mots crus et nus de ceux-là qui, chaque nuit, espéraient vivement, du fond des forêts ou des tunnels, la fin des galères. Des mots purs et durs pour susciter un regard neuf sur nous mêmes.
Guy Alexandre Sounda.
http://sounda.skyblog.com
Nos forêts regorgent bien des mystères. Beaucoup de nos artistes et auteurs s'en ont inspirés à pas mal d'endroits link
guy alexandre sounda, le prochain livre
Fabius Bartoloza
L’homme qui courait avec un coup de fusil dans la tête
(Texte inspiré de la guerre survenue au Congo Brazzaville entre 1997 et 1998)
(Théâtre)
Ecrit sous la forme d’une fable pondue par un clochard miné par le froid et la solitude au coeur de Pigalle, ce texte fait se mêler sans pathos le merveilleux caustique et la réalité cocasse d’une ville concassée par la guerre et la vacuité. Il est entrecoupé de récits courts et vifs, proches du comique satirique, qui nous font embarquer dans un voyage jusqu’aux confins des mondes fumants. Des imaginaires qui titillent notre sensibilité, ravivent notre mémoire collective et nous renvoient en gros plans nos congolités les plus virulentes.
En plus des morts que cette guerre a parsemés sur les routes et dans les tranchées il y a aussi les déplacés, ceux-là qui ont réussi à se faire la malle, mais qui vivent dans la tourmente et la peur, malgré le temps qui a passé. C’est à ceux-là que l’auteur donne la parole pour nous faire resurgir des tranches de vie foulées aux pieds, rangées aux oubliettes ou réinventées sur le chemin. Ce texte nous révèle nos itinérances tachées de sang, nos destins ratés, nos espoirs tenaces.
A travers les mots et les sueurs du personnage, Fabius Bartoloza, l’auteur essaie de retracer l’univers mental et le parcours embroussaillé de ces centaines de milliers de créatures écartelées qui s’enfuyaient partout à bras le corps. Entre le tissu narratif et la matière théâtrale formée de personnages animaliers ou humains, la parole de Fabius nous brandit des êtres entraînés dans un jeu de contraires absolus et inextricable : la vie et la mort, le passé et le futur, la ville et la forêt, le jour et la nuit, la guerre et la paix, le malheur et la joie…
L'affaire des disparus du beach de brazzaville en est la référencelink
LA PIECE
Fabius Bartoloza se voyait jusque-là comme un garde du corps chanceux. Son boulot consistait à talonner matin et soir la jeune épouse du camarade Dian Daya, ministre et député de la nation. Mais lorsque la guerre éclate, un dimanche soir, il se retrouve inopinément au mauvais endroit : coincé dans les chiottes d’un bar à putes alors que les kalaches salivaient dehors. Pendant trois jours et trois nuits sans eau et sans sommeil, il fera l’apprentissage d’une solitude dont il n’avait jamais de sa vie soupçonné, celle des gens qui voient venir la mort à grandes pompes, visages en sueurs et en larmes. Profitant d’une accalmie sommaire, il se jette dehors et se faufile à travers les caniveaux jonchés de cadavres et de feuilles mortes puis s’engouffre à corps perdu dans un égout et se met à courir de toutes ses forces. Commence alors un long voyage sous la ville, pendant lequel il verra surgir un monde ténébreux où se côtoient rats et clochards, cafards et chauves-souris, déserteurs et roublards, lutins et grognards. Un monde parallèle qui rampe sous le béton. Un univers peuplé de créatures flotantes et géantes qui le mènera jusqu’au cœur de Yongolo, la fameuse forêt aux fromagers qui chantent en latin.
NOTE DE L’AUTEUR
Cette guerre, celle surveue au Congo Brazzaville entre 1997 et 1998, a été une sottise. Nous avons saccagé. Nous avons dévasté. Nous avons écrasé. Dix ans, après les marques sont encore là. Têtues. Ma douleur est si lourde. Je n’ai pas pu fermer ma gueule ni me broder le toupet de mettre une croix sur ces milliers de corps qui jonchent encore le paillasson de la république. On m’a dit de fermer les yeux, de passer ma voie, de faire comme les autres : avaler quatre bouteilles de Ngok et oublier. Dieu, avec quelles ficelles aurais-je pu me coudre une lâcheté aussi fumante devant la montagne de cadavres largués comme des chenilles sur le trottoir ? Comment aurais-je continué à bouffer comme si de rien n’était ? Des gens sont morts pour rien et d’autres ont disparu. Je me le demande encore : comment notre Congo est-il arrivé à nous pondre une bourde aussi monumentale en si peu de temps ?Ce texte est conçu comme un îlot d’espoir. Fabius Bartoloza est la preuve qu’une autre vie nous est possible. Il suffit d’y croire, d’y mettre sa touche et se remettre en route. La nuit est longue, encore longue, mais l’aube n’est déjà plus si loin…
Au départ j’ai voulu écrire une satire, voyez, une sorte de coup de gueule fumeux dans les fesses de la république. Je me suis ravisé. On aurait pris mes paroles pour un papotage hystérique. J’ai finalement choisi une fable avec des bouts d’histoires faits d’ombres et de lumières. Des ombres et des lumières traversées d’hommes et de femmes qui essaient de recommencer une nouvelle vie, de renaître du fond du chaos géant d’où ils ont été précipités. Qu’on n’aille pas cependant y chercher la petite bête. C’est peine inutile. J’ai simplement usé de mon droit de conteur : celui qui consiste entre autre à nommer la sottise et la lâcheté. Ce texte est fait de mots sans détours, des mots remués comme des cauris afin qu’ils nous racontent leur part de vérité. Des mots crus et nus de ceux-là qui, chaque nuit, espéraient vivement, du fond des forêts ou des tunnels, la fin des galères. Des mots purs et durs pour susciter un regard neuf sur nous mêmes.
Guy Alexandre Sounda.
http://sounda.skyblog.com
Nos forêts regorgent bien des mystères. Beaucoup de nos artistes et auteurs s'en ont inspirés à pas mal d'endroits link
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