Congo Brazzaville: les éléphants empêchent l’agriculture à Bomassa (écrit par Privat Tiburce Massanga pour Agro Radio Hebdo en République du Congo)
Bomassa est un village du nord du Congo, perdu dans la forêt. Le long du sentier menant au village, les visiteurs sont frappés par un constat saisissant: il y a une absence totale de champs. Seuls quelques arbres fruitiers, manguiers, orangers… rappellent que l’on est dans une zone très fertile. Enclavé au cœur de la forêt et baigné par la rivière Sangha, le village ne tire pas profit de ses atouts. C’est principalement à cause d’une grande population d’éléphants trop envahissants.
Bomassa est situé à la périphérie du Parc national de Nouabalé Ndoki, à la frontière avec le Cameroun et le Centrafrique. Dans ce village, la centaine d’habitants ont l’oisiveté en commun! Dans le quartier « Bon coin », à Bomassa, hommes, femmes et enfants sont assis sous des paillotes. Les uns boivent du vin de palm ou des liqueurs de maïs, les autres se tournent les pouces.
Gaston Gbobolo, le chef du village, raconte: « Comme vous le constatez, tout le monde est assis, au village. On n’a rien à faire. En dehors de la pêche et des chasses nocturnes, nous n’avons pas d’autres activités le jour ». Pourquoi cette oisiveté? Gaston Gbobolo explique: « Ici, on ne peut pas pratiquer l’agriculture à cause des éléphants. Les plantations sont ravagées chaque année. Aucun potager, aucun champ ne peut être entretenu, depuis plusieurs années».
Le village de Kabo, à une trentaine de kilomètres de Bomassa, vit le même calvaire. Pour le septuagénaire Otsangué, le problème est apparu il y a une dizaine d’années. « Avant, nous n’étions pas confrontés à ce problème d’éléphants. Je me suis installé ici il y a bientôt 50 ans. C’est seulement ces dernières années que les pachydermes nous affament », constate-t-il.
Grâce aux efforts de protection menés par le parc, le nombre des pachydermes n’a fait qu’augmenter. De nos jours, les éléphants cohabitent presqu’avec les humains. Cette proximité envahissante, est un obstacle pour la survie du village. Les habitants ne peuvent quasiment plus rien cultiver. Pour se nourrir, les populations dépendent exclusivement des pays voisins. Les aliments de base tels le manioc, la banane plantain, le maïs, proviennent des pays frontaliers dont les premiers villages sont à deux jours de navigation manuelle en pirogue. Mais les produits achetés à Bomanzonkou, en République Centrafricaine, ou à Libongo, au Cameroun, sont revendus très cher à Bomassa: deux ou trois fois le prix d’achat.
Face au désarroi du village, l’ONG internationale Wildlife Conservation Society, qui intervient dans la gestion du parc, avait proposé à ces populations des activités alternatives comme l’élevage d’escargots. Malheureusement, elles ont toutes échoué. Bien que les villageois aiment bien manger des escargots, ils ne voyaient pas le besoin d’en faire l’élevage parce qu’il est facile de trouver des escargots dans la foret.
En dernier recours, les populations se sont tournées vers les autorités, à plusieurs reprises. Les paysans proposent l’abattage d’un nombre significatif d’éléphants. Mais pour les conservateurs, cela n’est pas la solution. Jean-Claude Metsampitso, communicateur du Programme de Gestion des Écosystèmes Périphériques du parc national pense que « l’abattage de mammifères intégralement protégés n’est pas une solution ».
Plus que les éléphants, c’est le silence assourdissant de l’État qui révolte les populations. « Ce qui nous agace le plus, c’est le silence de nos autorités. On a l’impression qu’elles préfèrent nous voir mourir de faim parce que les éléphants sont plus importants pour elles que nous, les populations de cette zone enclavée », lance Otsangué, dépité. Les touristes visitent le Parc National, et les villageois reçoivent de l’argent. Mais cela ne suffit qu’à assurer leurs besoins de base.
Malgré tout, les villageois refusent d’abandonner leurs terres. « Nous ne pouvons pas quitter notre village à cause des éléphants. C’est ici qu’est notre histoire », affirme Gaston Gbobolo. Mais combien de temps encore pourront-ils résister?
Source: http://hebdo.farmradio.org/2011/07/25/congo-brazzaville-les-elephants-empeche-lagriculture-a-bomassa-ecrit-par-privat-t-massanga-pour-agro-radio-hebdo-en-republique-du-congo/
Bomassa est situé à la périphérie du Parc national de Nouabalé Ndoki, à la frontière avec le Cameroun et le Centrafrique. Dans ce village, la centaine d’habitants ont l’oisiveté en commun! Dans le quartier « Bon coin », à Bomassa, hommes, femmes et enfants sont assis sous des paillotes. Les uns boivent du vin de palm ou des liqueurs de maïs, les autres se tournent les pouces.
Gaston Gbobolo, le chef du village, raconte: « Comme vous le constatez, tout le monde est assis, au village. On n’a rien à faire. En dehors de la pêche et des chasses nocturnes, nous n’avons pas d’autres activités le jour ». Pourquoi cette oisiveté? Gaston Gbobolo explique: « Ici, on ne peut pas pratiquer l’agriculture à cause des éléphants. Les plantations sont ravagées chaque année. Aucun potager, aucun champ ne peut être entretenu, depuis plusieurs années».
Le village de Kabo, à une trentaine de kilomètres de Bomassa, vit le même calvaire. Pour le septuagénaire Otsangué, le problème est apparu il y a une dizaine d’années. « Avant, nous n’étions pas confrontés à ce problème d’éléphants. Je me suis installé ici il y a bientôt 50 ans. C’est seulement ces dernières années que les pachydermes nous affament », constate-t-il.
Grâce aux efforts de protection menés par le parc, le nombre des pachydermes n’a fait qu’augmenter. De nos jours, les éléphants cohabitent presqu’avec les humains. Cette proximité envahissante, est un obstacle pour la survie du village. Les habitants ne peuvent quasiment plus rien cultiver. Pour se nourrir, les populations dépendent exclusivement des pays voisins. Les aliments de base tels le manioc, la banane plantain, le maïs, proviennent des pays frontaliers dont les premiers villages sont à deux jours de navigation manuelle en pirogue. Mais les produits achetés à Bomanzonkou, en République Centrafricaine, ou à Libongo, au Cameroun, sont revendus très cher à Bomassa: deux ou trois fois le prix d’achat.
Face au désarroi du village, l’ONG internationale Wildlife Conservation Society, qui intervient dans la gestion du parc, avait proposé à ces populations des activités alternatives comme l’élevage d’escargots. Malheureusement, elles ont toutes échoué. Bien que les villageois aiment bien manger des escargots, ils ne voyaient pas le besoin d’en faire l’élevage parce qu’il est facile de trouver des escargots dans la foret.
En dernier recours, les populations se sont tournées vers les autorités, à plusieurs reprises. Les paysans proposent l’abattage d’un nombre significatif d’éléphants. Mais pour les conservateurs, cela n’est pas la solution. Jean-Claude Metsampitso, communicateur du Programme de Gestion des Écosystèmes Périphériques du parc national pense que « l’abattage de mammifères intégralement protégés n’est pas une solution ».
Plus que les éléphants, c’est le silence assourdissant de l’État qui révolte les populations. « Ce qui nous agace le plus, c’est le silence de nos autorités. On a l’impression qu’elles préfèrent nous voir mourir de faim parce que les éléphants sont plus importants pour elles que nous, les populations de cette zone enclavée », lance Otsangué, dépité. Les touristes visitent le Parc National, et les villageois reçoivent de l’argent. Mais cela ne suffit qu’à assurer leurs besoins de base.
Malgré tout, les villageois refusent d’abandonner leurs terres. « Nous ne pouvons pas quitter notre village à cause des éléphants. C’est ici qu’est notre histoire », affirme Gaston Gbobolo. Mais combien de temps encore pourront-ils résister?
Source: http://hebdo.farmradio.org/2011/07/25/congo-brazzaville-les-elephants-empeche-lagriculture-a-bomassa-ecrit-par-privat-t-massanga-pour-agro-radio-hebdo-en-republique-du-congo/
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